Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pu leur dire : L’action que je fais est-elle répréhensible, accusez celui qui me l’a commandée, et je déposerai le lit que je porte. Mais en parlant de la sorte, il eût dissimulé la guérison qu’il avait obtenue ; il savait que ce qui les blessait, c’était moins la transgression du sabbat que la guérison de sa maladie, il ne cherche pas cependant à cacher ce bienfait, on à se le faire pardonner, mais il le proclame à haute voix. Quant aux Juifs, leur question cache une intention perfide : « Ils lui demandèrent : Quel est cet homme qui vous a dit : Prenez votre lit et marchez ? » Ils ne disent pas : Quel est celui qui vous a guéri ? ils insistent sur ce qui pouvait être regardé comme une violation de la loi. Or, celui qui avait été guéri ne savait pas qui il était ; car Jésus s’était retiré de la foule du peuple assemblé en ce lieu. » Jésus s’était éloigné pour mettre en dehors de tout soupçon le témoignage qui lui était rendu ; car cet homme était un témoin irrécusable du bienfait qu’il avait reçu. Il voulait éviter aussi de donner un nouvel aliment à leur méchanceté ; car la vue seule de celui à qui on porte envie redouble les ardeurs de cette honteuse passion. Il s’éloigne donc pour leur laisser toute facilité d’examiner ce fait miraculeux. Il en est qui pensent que ce paralytique est celui dont parle saint Matthieu (Mt 9), mais ils se trompent, le paralytique de saint Matthieu était entouré de gens qui prenaient soin de lui, et le portaient, celui-ci n’avait personne qui s’intéressât à lui. D’ailleurs les lieux où s’accomplirent ces deux miracles sont tout différents.


S. AUG. (Traité 17.) Si nous considérons ce miracle avec nos idées étroites et à un point de vue purement humain, nous n’y voyons pas un grand acte de puissance, et la part de la bonté ne nous y paraît guère plus grande. Dans un si grand nombre de malades, un seul est guéri,