Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/433

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vous il y a un démon, » c’est-à-dire, ne croyez point, parce que vous vous êtes rangés à ma suite, que je m’abstienne de reprendre ceux qui sont mauvais. Mais pourquoi les disciples restent-ils ici dans le silence, eux qui plus tard diront en tremblant : « Est-ce moi, Seigneur ? » Jésus n’avait pas encore dit à Pierre : « Retire-toi de moi, Satan. » (Mt 16) Ces paroles ne lui inspirent donc aucune crainte. D’ailleurs Nôtre-Seigneur ne dit pas : Un de vous me trahira, mais : « Un de vous est un démon. » Ils ne comprenaient donc pas la portée de cette expression et n’y voyaient qu’une parole de blâme tombant sur les mauvaises dispositions de l’un d’eux. Les incrédules font ici à Jésus-Christ un reproche insensé, car le choix qu’il fait d’un homme ne lui impose aucune violence, aucune nécessité, et notre salut comme notre perte sont subordonnés à notre volonté.


Bède : On peut dire encore que le Sauveur s’est proposé des fins différentes dans la vocation de Judas et dans celle des onze autres Apôtres. Il a choisi les onze pour les faire persévérer dans la dignité d’Apôtres ; il a choisi Judas pour que sa trahison fût l’occasion du salut du genre humain. — S. AUG. (Traité 27.) Judas a été choisi pour devenir l’instrument d’un grand bien qu’il ne voulait pas et qu’il ne connaissait même pas ; car de même que les impies font servir au mal les œuvres bonnes de Dieu, Dieu au contraire sait faire servir au bien les actions coupables des hommes. Quoi de pire que Judas ? et cependant le Seigneur a su tirer le bien du crime qu’il a commis, et il a souffert d’être trahi par lui pour nous racheter. On peut encore entendre autrement ces paroles : « Je Vous ai choisis au nombre de douze, » dans ce sens que c’est le nombre consacré de ceux qui