Page:Aquin - Explication suivie des quatre Évangiles, Tome 7, 1869.djvu/543

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il a donné tout pouvoir de juger à son Fils ? » (Jn 5) Il faut se rappeler que le mot jugement se prend quelquefois dans le sens de condamnation, tandis qu’ici il signifie simplement discernement, séparation ; Nôtre-Seigneur leur dit donc : « C’est à mon Père de discerner, de séparer ma gloire de la vôtre ; » car vous ne recherchez que la gloire de ce monde, quant à moi, je ne veux point de cette gloire, Dieu distingue et sépare encore la gloire de son Fils de la gloire des hommes, car le mystère de son incarnation ne l’a pas entièrement assimilé à nous ; nous sommes des hommes coupables de péché, mais pour lui il est sans péché, même en tant qu’il a pris la forme d’esclave ; car qui pourrait dignement redire ces paroles : « Au commencement était le Verbe ? » — ORIG. Ou bien encore, s’il faut admettre la vérité de ces paroles du Sauveur à son Père : « Tout ce qui est à vous est à moi, » il est évident que le pouvoir de juger qui est propre au Fils appartient au Père.


S. GREG. (hom. 18 sur les Evang.) Lorsque les prédicateurs voient s’accroître la perversité des méchants, non-seulement ils ne doivent point s’en laisser abattre, ils doivent au contraire redoubler de zèle. Voyez Nôtre-Seigneur, les Juifs l’accusent d’avoir en lui le démon, et pour toute vengeance, il leur donne avec plus de profusion les bienfaits de sa divine doctrine : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra point la mort, » etc. — S. AUG. (Traité 43) Il ne verra point, c’est-à-dire, il n’éprouvera point la mort. Le Sauveur qui devait mourir parlait à des hommes qui devaient mourir eux-mêmes, que signifient donc ces paroles : « Celui qui gardera ma parole ne verra point la mort ? » C’est qu’il avait en vue une autre mort dont il était venu nous délivrer, la mort éternelle, la mort de la damnation avec le démon et ses anges. Voilà la seule