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L’HOMME VOLANT

moi, il me semble que je préférerais un cerf-volant, solide, bien bâti, un beau cerf-volant à deux places.

— Je n’en ai jamais vu ! dit Siffroy.

— C’est que dans un ballon il y a de l’esprit de vin, des étoupes ; rien qu’un coup de vent et tout s’enflamme !… aimeriez-vous brûler en l’air ?

Siffroy était devenu perplexe. Castarini, lui, comptait sur ses doigts, réfléchissait. Puis, tout à coup, comme subitement inspiré :

— Que diriez-vous d’une paire d’ailes ?

— Des ailes ! J’y avais pensé, répondit Siffroy qui, en effet, avant sa découverte du ballon, avait plus d’une fois rêvé au moyens de se fabriquer des ailes, tout en suivant du regard, là-haut dans le bleu, le vol des aigles.

Marché conclu, jour pris ; Siffroy remonte vers Antonaves, et Castarini se met résolument au travail.

Ce fut un émoi dans la ville quand on apprit qu’à la foire prochaine Siffroy (d’Antonaves) volerait et que Castarini lui fabriquait ses ailes. Trois semaines durant, les curieux assiégèrent la boutique de la Placette ; trois semaines, Castarini demeura enfermé chez lui, négligeant les peintures en train, refusant les commandes les plus pressées, peu visible, silencieux et tout entier à son chef-d’œuvre.


Enfin, le grand jour arriva. Dès la première heure, les gens de la ville allèrent se poster sur le pont, guettant la caravane d’Antonaves.

— Et Siffroy ?

Pas de Siffroy ! On apprit que Siffroy était