Page:Archives israelites 13.djvu/128

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d’un siècle avant la Révolution, avait montré toute l'âpreté persistante des préjugés populaires, et le supplice de Calas et Labarre au xvme siècle , toute la rigueur juridique des lois et des prescriptions oflicielles : ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que si A la société mondaine et Padministration irrésolue du dernier siécle semblaient étre revenues à de meilleurs sentiments à l`égard des dissidents , d’une part ce phénomène se manifestait plutôt en pratique, en fait,qu’en théorie; de l’autre,il s’opérait par l’infiltration successive de théories nouvelles, fondées sur la négation deoelles qui servaient d’assises à la société nouvelle : quand Voltaire publiait de si chaleureux plaidoyers en faveur des récentes victimes de l’intolérance, quand Montesquieu, dans l‘Esprit des Lois, parlait en termes si pathétiques d’un tout récent auto-da·fé, - à Lisbonne, quand Rousseau faisait , dans l‘Émile, un appel au déisme par la voix du vicaire savoyard, quand Dupuis analysait, dans leurs antiques fondements , l‘origine des cultes , les mœurs doublement ébranlées par laphilosophie spiritualiste au nom de la saine raison, et par le scepticisme matérialiste croissant au nom du pur bon sens, devaient inévitablement s’adoucir et se modifier : mais, de là à proclamer l’égalité des croyances devant la loi, à faire tomber les barrières que l‘injustice des siècles avait élevées, à ouvrir toute large la porte dela société générale à ces dissidents qui en avaient été si longtemps exclus, de là à inscrire dans les lois l’égalité des droits civils et politiques pour tous sans distinction, de là enfin à décréter solennellementpar des lois du pays que plusieurs cultes, qu’un culte non chrétien entrerait avec le Catholicisme en partage du budget de l‘Etat... il y avait un abîme, qu’uue révolution seule pouvait combler : quand les vérités primordiales de la nature humaine sont reconnues et admises en principe par tous les honnêtes gens , comme elles le sont aujourd’hui , quand les éléments constitutifs et les bases éternelles de toute société morale sont respectés dans Ia constitution particulière d’un peuple, on peut attendre du temps les lentes améliorations de la loi, s’en remettre au progrès des idées de celui des institutions , et alors, les mêmes mains qui ont inscrit dans la loi des dispositions mauvaises peuvent en inscrire de meilleures et de réparatricœ, la même génération peut avoir fait le mal et y apporter le juste re-