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SI TU M’AVAIS AIMÉE

Puis le ciel s’ouvrira comme un coffret d’ébène
Où sont les violettes noires de la nuit ;
Le velours bleu de l’ombre étendra sur la plaine
Le manteau dont les plis lourds étouffent le bruit.

Et le silencieux concert de l’étendue
Dominera la vie et son murmure vain ;
Toute parole humaine aux lèvres suspendue
Se taira pour entendre un poème divin.

Seuls les grelots légers de l’étroite fontaine
Sonneront dans l’air tiède où le jour vibre encor ;
Et, sur le ciel fleuri d’étoiles, le grand frêne
Sera le chandelier de bronze aux flammes d’or.

Et nous que réunit ce soir la même attente,
Tout épris d’idéal, d’art et de vérité,
Enveloppés dans la douceur de l’heure lente,
Nous comprendrons enfin le sens de la beauté.