Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/180

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Mais, bien avant la nuit, le vent rude du large
A brisé les bourgeons de mes frêles espoirs ;
Je reste solitaire, avec la lourde charge
Des regrets douloureux et des graves devoirs.

Et mon cœur est broyé par trop de sacrifices,
Comme un grain de froment sous la meule de fer ;
Et je crois qu’il n’est pas, au jardin des supplices,
Un tourment que mon être encor n’ait pas souffert.

Peut-être il le fallait pour éveiller mon âme
Au sens mystérieux des choses d’ici-bas !
Avant d’avoir pleuré je n’étais qu’une femme,
Et maintenant je sais ce qu’on ne nous dit pas.

Ainsi moi qui m’en vais seule à travers le monde,
Je comprends mieux que toi l’adorable douceur
Des mots dont, ce matin, entre le ciel et l’onde.
Te berçait ton amant, ô passante, ô ma sœur !