Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour un saint ; quand on n’y est plus, on fait déporter ou fusiller ceux qui réclament et se prétendent volés.

Jules Simon a rempli le programme jusqu’au bout, sans en sauter un seul article.

Comme Trochu et Jules Favre, il appartient àla catégorie des pleurards, et tout Paris se rappelle ses airs mourants, chaque fois qu’il montait, soit à sa chaire de professeur, avant le coup d’Etat, soit, depuis, à une tribune quelconque.

Sauf quelques défiants enragés qui se rappelaient 1848, Jules Simon trompa fort proprement son public pendant la plus grande partie de l’Empire, et ce ne fut guère que vers les dernières années, que les yeux commencèrent à se dessiller.

Un dernier trait achèvera de le peindre tout entier.

Vers la fin du mois d’août, le public militant ne quittait plus les abords ou la tribune du Corps législatif. C’est là qu’on allait chercher les nouvelles, écouter les dépêches mensongères lues à la Chambre par le ministre de la guerre Palikao, et s’informer, auprès des députés de la gauche, de la, vérité de la situation.

Un jour, Jules Simon vint à moi, dans la cour du Palais-Bourbon, me prit à part, et me dit :

« — Annoncez à tous vos amis, annoncez aux ouvriers des faubourgs, que la situation est absolument perdue, et que dans huit jours (sic) peut-être, les Prussiens seront sous les murs de Paris. »

Je lui répondis :

« — Il ne suffit pas d’annoncer de semblables nouvelles. Il faut les prouver, dire d’où et de qui on les tient, si on veut être cru et produire l’effet que vous en attendez.

« — Vous pouvez dire que vous le tenez de