Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/170

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l’idée que j’exprimais, lorsque je m’écriais, dans une des séances les plus orageuses, au sujet du maintien du secret pour les prisonniers :

« Je ne comprends pas que des hommes qui ont passé toute leur vie à combattre les errements du despotisme, je ne comprends pas, dis-je, que ces mêmes hommes, lorsqu’ils sont au Pouvoir, s’empressent de tomber dans les mêmes fautes. De deux choses l’une, ou le secret est une chose indispensable et bonne, ou elle est odieuse. Si elle est bonne, il ne fallait pas la combattre, et si elle est odieuse et immorale, nous ne devons pas la maintenir. »

Ceux qui changent d’avis suivant qu’ils sont en bas ou en haut, prouvent qu’ils ne sont pas des hommes de principes, et qu’ils combattent seulement ce qui les gêne.

On doit combattre ce qui est injuste.

Le mal ne devient pas le bien, parce qu’au lieu de nous atteindre, il atteint autrui.

Ce terrain est, à mon sens, le seul vrai, c’est celui sur lequel je me suis maintenu, sur lequel je me maintiendrai toujours.

Pendant l’Empire, j’avais réclamé la liberté de la presse, et déclaré que cette liberté était un droit absolu, primordial, naturel, de même que le droit d’association et le droit de réunion. J’avais déclaré que ces droits, pas plus que le droit de respirer, de marcher ou de manger, ne devaient être l’objet d’aucune législation spéciale. Dans toute société il existe des lois protectrices qui répriment les crimes et les délits. Si donc, à l’aide de la plume ou de la parole, je commets l’un de ces délits prévus par la loi, je tombe sous le coup de la loi comme tous les autres citoyens, et je suis jugé comme eux par mes pairs. Mais