Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/171

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je n’admets pas que l’on puisse entraver la libre expression de ma pensée, la libre discussion des actes publics.

Si l’on ne parvient pas à établir, à faire respecter d’une façon sérieuse quelques principes essentiels, si l’on ne s’accoutume pas à les supporter, quand on est la victoire, après les avoir invoqués, quand on est la défaite, on n’arrivera à rien fonder de sérieux en France. Nous serons toujours ballottés entre des coups de force, et il n’y a rien de capricieux comme la force qui ne reste jamais longtemps entre les mêmes mains, qui passe de l’un à l’autre, arme à deux tranchants qui frappe aujourd’hui celui qui la subit, et demain celui qui en abuse.

Il ne faut jamais oublier que le pouvoir est un accident passager pour un parti, quel qu’il soit ; que les vainqueurs du jour sont les vaincus du lendemain, et qu’en dehors du respect du droit et de la justice, il n’y a que chaos, périls et représailles, sans bénéfice sérieux pour la liberté.

Qu’on remarque bien que je n’entends pas ici, par respect du droit et de la justice, le pardon, la faiblesse coupable envers les ennemis du peuple, envers ceux qui conspirent sa perte, envers ceux qui se baignent dans son sang.

Non, le respect de la justice et le triomphe du droit exigent que l’on frappe les voleurs et les assassins, je parle des grands voleurs qui s’engraissent des richesses d’une nation, des grands assassins qui font couler le sang des peuples, dans les rues ou sur les champs de bataille.

Mais s’il est permis, s’il est nécessaire d’atteindre les individus, quand ils sont coupables, il y a certains, droits que tout être en naissant apporte avec lui, auxquels nul pouvoir ne doit tou-