Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/7

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classes, n’avait pas des aspirations radicales et socialistes, mais il était au moins républicain, et, se sentant menacé par l’Assemblée de Bordeaux, serrait ses forces en un seul faisceau.

Cette Assemblée de Bordeaux, d’ailleurs, poussant l’infamie jusqu’à la bêtise, avait trouvé moyen de s’aliéner même la portion la plus réactionnaire de la population parisienne, par deux lois qui portaient directement atteinte au commerce de la capitale et vouaient à la faillite ou à la gêne extrême plus de la moitié de ses négociants.

Je veux parler des deux lois sur les échéances des effets de commerce, et sur les termes arriérés des loyers.

On sait que les hommes du 4 septembre, logiques jusqu’au bout, en même temps qu’ils repoussaient le rationnement, s’étaient contentés de suspendre les loyers, de telle sorte qu’au moment où, la guerre, terminée, tout le monde se trouvait plus ou moins frappé dans sa fortune et son crédit, chacun se voyait obligé de donner le plus clair de ses ressources aux propriétaires, qui seuls sortaient indemnes de cette grande calamité nationale.

L’Assemblée de Bordeaux, composée de propriétaires et désireuse de frapper Paris, même dans sa prospérité matérielle, même dans son industrie, qui est la gloire et une partie de la fortune de la France entière, avait rendu deux décrets qui, forçant les industriels à payer leurs termes et leurs billets sans délai, ou dans un délai dérisoire, les ruinaient par le fait.

On peut donc dire qu’en mars, à Paris, si tout le monde n’était point pour la Commune, personne, du moins, n’était pour le gouvernement de Bordeaux.