Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/8

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Le parti révolutionnaire se voyait donc dans une situation presque inespérée, s’appuyant sur le mécontentement universel d’une ville de deux millions d’habitants, et disposant, au bas mot, d’une armée de deux cent mille hommes qui avaient vu le feu, qui avaient fait preuve de résolution, de courage, d’énergie.

Dans de semblables conditions, il devenait évident que l’Assemblée aurait à compter avec ce formidable élément, appuyé, du reste, des sympathies de toutes les grandes villes, qui se fussent mises en communion, non pas d’idée, elles y étaient déjà, mais d’action avec Paris.

Qu’on pût maintenir cet état de choses seulement pendant deux mois, et l’Assemblée de Bordeaux, ayant terminé la besogne honteuse pour laquelle on l’avait nommée, c’est-à-dire la paix avec les Prussiens, n’avait plus qu’à se retirer.

Elle n’eût jamais osé, devant Paris armé, devant Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nantes, etc., armés également, s’emparer du pouvoir et se déclarer constituante.

Ses violences séniles, son incapacité brutale et provocatrice, auraient achevé, pendant ces deux mois, de la déconsidérer, comme elles l’ont fait d’ailleurs, et le dégoût des honnêtes gens, fortifié de la présence de quelques cent mille gardes nationaux répandus par tout le pays, l’aurait bien vite forcée à rentrer dans les caves d’où elle était sortie.

Ainsi, sans un coup de feu, en conservant seulement le statu quo, on arrivait à fonder la République en France, à chasser l’Assemblée de Bordeaux, à déposséder sans doute Thiers du pouvoir, c’est-à-dire à débarrasser le peuple de son plus implacable ennemi.