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est préparé. Pour dissiper votre crainte, que ceci vous serve d’indice. Lorsqu’une apparition vous arrive, ne soyez pas aussitôt saisis de frayeur, mais quelle que soit cette apparition, demandez avec hardiesse : Qui es-tu et d’où viens-tu ? Si c’est une vision des saints, ceux-ci vous en convaincront en changeant en joie votre frayeur ; si c’est une apparition diabolique, elle perd aussitôt toute sa force en voyant l’esprit fortifié ; en effet, la marque d’une âme exempte de trouble est de demander : Qui es-tu ? d’où viens-tu ? C’est ainsi que le fils de Nun interrogea les habitants de Gabaon (Jos., 9, 8), et le démon n’était pas inconnu à Daniel, lorsque celui-ci interrogea la vision qui était devant lui. (Daniel, x, 11, 18, 19.)

Pendant qu’Antoine parlait ainsi, tous ses disciples étaient remplis de joie. Dans les uns, l’amour de la vertu augmentait ; dans les autres, la négligence disparaissait ; en d’autres, la présomption cessait ; tous avaient pris la résolution de mépriser les démons, admirant la grâce que le Seigneur avait accordée à Antoine pour désarmer les esprits.


BEAU SPECTACLE DE LA VIE MONASTIQUE.


Les monastères qui s’élevaient sur les montagnes ressemblaient à des tabernacles remplis de chœurs divins qui chantaient, étudiaient, jeûnaient, priaient, tressaillaient d’allégresse dans l’espérance des biens futurs. Ils s’aimaient les uns les autres et vivaient dans une parfaite concorde ; on voyait dans ce coin du monde la vraie patrie de la justice et de la piété ; là il n’y avait personne qui commît ou qui reçût une injustice, personne qui subit les vexations de l’exacteur, mais on y voyait une multitude d’hommes qui travaillaient à se rendre parfaits et dont toutes les pensées avaient pour objet la vertu, en sorte que tous ceux qui