Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/232

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— Du courage ! fit-il en se rasseyant lourdement.

Et il se mit à pleurer.

Clément riait d’une façon méprisante et cruelle, mais Mme Dalignac disait des mots de douceur et d’espoir.


Bouledogue ne savait pas comme Gabielle trouver les bonnes idées, mais ses doigts délicats poussaient adroitement les tissus sous l’aiguille de la machine et jamais ses coutures ne déviaient d’un fil. Elle ne grognait plus comme au temps des clientes. Elle prenait seulement beaucoup de place autour d’elle, sans s’inquiéter s’il en restait pour ses voisines. Et lorsque sa machine se détraquait, elle l’injuriait et la cognait durement.


Bergeounette avait quitté son mari. Elle était sortie si meurtrie de leur dernière bataille que ses plaies avaient mis plus d’un mois à guérir. À se sentir libre une joie exubérante la soulevait. Elle remuait ses coudes comme des ailes et levait les pieds sans raison.

Son mari, tout repentant, la guettait à la sortie de l’atelier, dans l’espoir de la ramener au logis. Mais elle ne se laissait pas fléchir. Aux heures où il aurait dû être à son travail on le voyait assis sur un banc de l’avenue, en face de nos fenêtres.

Gabielle, qui n’aimait pas voir les hommes à ne rien faire, disait :

— Qu’est-ce qu’il fait là à tuer le temps ?

— Le temps le tuera aussi, répondait en riant