Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/185

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n’avons qu’à dédoubler le nôtre et en étendre la moitié pour nous sur le plancher, où nous dormirons très bien. Quant au reste, nous l’arrangerons pour ces messieurs du mieux que nous pourrons. » À cela, je m’opposai tout d’abord, et proposai de coucher sur une couverture, auprès du feu ; mais ni Willy ni Élisa ne voulurent en entendre parler. En conséquence, ils déménagèrent une partie de leur lit qu’ils installèrent sur le plancher, et après de longs débats, il fallut bel et bien nous y étendre. Les nègres furent envoyés à leur cabine, le jeune couple se mit au lit, et M. Flint nous endormit tous avec une interminable histoire qui ne tendait à rien moins qu’à nous prouver comme quoi il était vraiment extraordinaire qu’il eût fini par s’égarer.

Toi, qui restaures si délicieusement la nature épuisée, sommeil embaumé… Mais la suite à demain ; car il fuyait déjà, ce doux sommeil, chassé par l’aurore. M. Speed, notre hôte, se leva, mit le nez à la porte, et bientôt se retournant, nous assura qu’il faisait trop mauvais pour qu’on pût songer à partir. Je crois, en vérité, qu’il en était bien aise ! Mais moi, j’avais hâte de continuer ma route, et je priai M. Flint de voir à préparer ses chevaux. Cependant Élisa était debout aussi, et je vis qu’elle disait quelque chose à l’oreille de son mari, qui se mit à crier tout haut : « Certainement, messieurs, vous ne partirez pas sans prendre un morceau, et c’est moi qui me charge de vous remettre dans votre route. » J’eus beau dire et beau faire, le déjeuner fut préparé, et il fallut le manger. Le ciel s’était un peu éclairci, et sur les neuf heures nous remontions en voiture. Willy,