Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/328

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viennent plus rares dans le Maine, davantage encore dans la Nouvelle-Écosse. À Terre-Neuve et au Labrador, nous n’en vîmes aucun durant notre expédition.

Mon excellent et savant ami le docteur Richard Harlan, de Philadelphie, me dit qu’un jour, aux environs de cette ville, étant assis devant la maison d’un de ses amis, il s’amusait à observer un couple d’oiseaux bleus qui s’étaient installés dans un trou creusé spécialement pour eux, à l’extrémité de la corniche. Ils avaient des petits et déployaient la plus grande vigilance pour leur sûreté, à ce point qu’il n’était pas rare de les voir voler, et surtout le mâle, à la rencontre des personnes qui passaient dans le voisinage. Une poule, avec ses poussins, s’étant approchée trop près, la colère de l’oiseau bleu monta à un si haut degré que, nonobstant l’extrême disparité des forces, il se précipita sur elle, et continua de l’assaillir avec une telle violence, que la pauvre poule fut à la fin forcée de battre en retraite et de se réfugier sous un buisson assez éloigné. Quant au petit champion, il revint triomphant à son nid, où il chanta fièrement sa victoire. Les choses, cependant, prennent parfois une tout autre tournure ; et l’on se rappelle ce que j’ai dit précédemment des combats de l’oiseau bleu et du martinet pourpré.

Cette espèce m’a souvent remis en mémoire celle du robin rouge-gorge d’Europe qui, en effet, lui est assez semblable de forme et de mœurs. Comme l’oiseau bleu, le rouge-gorge a de grands yeux où se peint fréquemment et d’une manière très expressive le pouvoir de ses passions ; comme lui aussi, il aime à descendre sur les