Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/148

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à Londres. La chair en était tendre, juteuse et excellente. J’en dirai autant de toutes celles de cet âge dont j’ai goûté, et qui sont réellement un mets délicat, aussi longtemps, du moins, qu’elles portent leur livrée brune, et alors même que les taches blanches commencent à se montrer. Mais la chair des vieilles devient noire, coriace, et tout à fait impropre pour la table, n’en déplaise aux Indiens séminoles qui leur font la chasse.

En captivité, cette Grue s’apprivoise très bien, et se nourrit volontiers de grain et autres substances végétales. M. Magwood, de la Caroline du sud, en garda une quelque temps, à laquelle il ne donnait que du maïs. Par accident, elle se blessa au pied en marchant sur une écaille d’huître ; et malgré tous les soins qu’on lui prodigua, elle périt, après avoir langui deux ou trois semaines. Moi-même, j’en ai eu chez moi une vivante, et voici ce que j’ai pu observer de ses mœurs :

Elle était presque entièrement venue, quand elle me fut donnée, et son plumage passait du brun grisâtre au blanc. C’était un présent du capitaine Clarck commandant du sloop de guerre l’Érié. Blessée à l’aile, sur la côte de la Floride, on lui avait amputé le membre fracturé, et bientôt elle guérit. Pendant un voyage de trois mois, elle s’apprivoisa parfaitement, et par sa gentillesse et sa familiarité, devint la favorite de l’équipage. — Je la plaçai dans ma cour, en compagnie d’une belle oie de neige[1] ; c’était à Boston. Elle se montrait si douce, que je pouvais la caresser avec la main. Son

  1. Anser hyperboreus.