Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/177

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nettoyais. Je remplissais son râtelier de feuilles de blé, son auge de grain ; je mettais dedans, quand je pouvais m’en procurer, une citrouille d’une bonne grosseur, ou quelques œufs de poule ; enfin, si l’occasion s’en présentait, je lui donnais un demi-boisseau d’avoine de préférence au blé, qui quelquefois échauffe les chevaux. Au matin, son auge et son râtelier, presque vides, m’indiquaient suffisamment l’état de sa santé.

Je le montais depuis quelques jours seulement, et déjà il m’était si attaché qu’en arrivant au bord d’un ruisseau limpide, où j’avais envie de me baigner, je pus le mettre en liberté pour paître, et qu’il ne but qu’à mon commandement. Il était extrêmement sûr du pied et toujours si bien en train que, de temps à autre, lorsqu’un dindon venait à se lever devant moi du lieu où il faisait la poudrette, je n’avais qu’à incliner le corps en avant, pour le faire partir au galop, qu’il continuait jusqu’à ce que l’oiseau, quittant la route, fût rentré dans les bois. Alors il reprenait son trot ordinaire.

En m’en revenant, je rencontrai, au passage de la rivière Juniata[1], un gentleman de la Nouvelle-Orléans, du nom de Vincent Nolte. Il se prélassait sur un superbe cheval qui lui avait coûté trois cents dollars ; et un domestique, également à cheval, en menait en laisse un autre de rechange. Je ne le connaissais pas du tout alors ; néanmoins je l’abordai, en lui vantant la

  1. État de Pensylvanie.