Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/225

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si nombreux, que nous eussions pu en ramasser la charge de notre bateau, si nous en avions eu envie. Ils se trouvaient tous parmi les herbes qui poussent dans les fissures des rochers, et par conséquent étaient disposés en rang. Ils contenaient généralement cinq ou six œufs ; j’en vis huit dans quelques-uns, et dans un autre jusqu’à dix. Au premier coup de fusil, toutes les couveuses s’envolaient et allaient se poser sur la mer, à environ cent mètres, pour faire ensemble leurs évolutions et se baigner en attendant le départ de notre bateau. Beaucoup de nids étaient garnis de duvet, les uns plus, les autres moins ; et certains dont la femelle était absente quand nous débarquâmes, en avaient été si complétement recouverts, que les œufs se conservaient chauds au toucher. Les mouches et les moustiques n’étaient là ni moins abondants ni moins insupportables que dans les marais de la Floride.

Le 24 du même mois, nous tuâmes deux femelles très avancées dans leur mue et qui faisaient partie d’une troupe entièrement composée d’individus du même sexe. Le 7 juillet, dans une excursion autour d’un petit étang aux bords couverts de mousse, nous vîmes sur l’eau deux femelles avec leurs jeunes. Dès qu’elles nous aperçurent, elles baissèrent la tête, et la maintenant presque à ras de la surface, s’enfuirent en nageant, suivies de leurs petits qui se serraient autour d’elles presque jusqu’à les toucher. Nous tirâmes sur eux sans les frapper ; et au coup ils plongèrent tous à la fois, pour reparaître un instant après, les mères faisant entendre leur quack, quack, mêlé d’un doux murmure. Les jeunes