Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/242

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yeux. Je baignai ses tempes, l’appelai des noms les plus doux ; et par hasard, ayant aperçu un gros coq d’Inde qui trottait devant nous, je le lui montrai… À cette vue, et comme soudain ranimé, il se lève et se met à courir après l’oiseau ! De ce moment, il parut avoir acquis de nouvelles forces ; et nous atteignîmes enfin Wilcox, où nous nous arrêtâmes pour la nuit. À la vérité, on nous reçut assez mal et sans faire grande attention à nous ; mais du moins nous eûmes à manger et un lit.

Le soleil se leva le lendemain dans toute sa splendeur, réfléchissant sur l’Ohio ses rayons couleur de feu. Impossible d’avoir une plus belle vue que celle dont nous jouissions en quittant Wilcox. Après deux milles à travers des bois inextricables, nous arrivâmes à Belgrade ; puis, ayant dépassé le fort Massacre, nous fîmes halte pour déjeuner. S. se plaignait tout haut, nous donnant à entendre que le manque de routes rendait le voyage très désagréable. Il n’avait pour habitude, nous dit-il, ni de se cacher comme un voleur, dans les broussailles, ni de trébucher à la pleine ardeur du soleil, parmi les rochers et les cailloux. — De quelle manière alors avait-il donc voyagé ? C’est ce qu’il ne jugea pas à propos de nous faire savoir. M. Rose se conduisait à peu près aussi bien que Victor ; et c’était moi maintenant qui marchais à l’avant-garde. Vers le coucher du soleil, nous avions regagné les bords de la rivière, en face l’embouchure du Cumberland. Sur une montagne, propriété du major B., nous trouvâmes une maison où il n’y avait qu’une femme extrêmement