Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/29

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à un arbre, et maintenant, à pied, sans faire de bruit, nous nous dirigeons vers un long étang, où des troupes d’Oies ont coutume de venir chercher leur nourriture. Aucune n’est encore arrivée ; mais déjà toute la surface de l’eau, libre de glace, est couverte de canards, de macreuses, de pilets et de sarcelles aux ailes bleues et vertes. Le fusil de mon ami, comme le mien, porte loin, et l’occasion est bien tentante ! À plat ventre, nous rampons jusqu’au bord de l’étang ; puis, un genou en terre, nous mettons en joue et le coup part ! La détonation résonne, répétée par mille échos dans les profondeurs de la forêt, et l’air est rempli de canards de toute espèce. Nos chiens se sont jetés à la nage au milieu des glaçons, et en quelques minutes nous avons devant nous un petit tas de gibier. Cela fait, nous rentrons sous bois, et nous nous séparons pour gagner chacun un côté de l’étang. À juger par moi de l’état des doigts de mon camarade, nous ne serions certes pas capables de mettre un seul bouton ; nous grelottons, nos pieds se crispent, nos dents claquent… mais voici venir les Oies ! On entend retentir, au haut des airs, leur cri bien connu : hauk, hauk, awhauk, awhauk ; elles tournoient, tournoient, puis, par un mouvement gracieux, descendent sur l’eau, où elles s’amusent d’abord à se baigner et à prendre leurs ébats ; bientôt elles regardent autour d’elles, car la faim les presse. À ce moment, il peut y en avoir vingt ; mais il en arrive vingt autres, et en moins d’une demi-heure, nous en avons devant nous une centaine. Mon ami, qui connaît son affaire, a passé par-dessus ses habits une sorte de che-