Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/354

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quantité ; à charge de revanche pour ces derniers. Mais toujours ils étaient sûrs de trouver un bon repas, car nous avions un fin cuisinier, qui malheureusement aimait un peu trop la bouteille.

Nous fêtâmes religieusement l’anniversaire de notre quatre juillet, et chaque samedi soir nous ne manquions jamais de porter des toasts aux femmes et aux fiancées d’abord, ensuite aux parents et aux amis. Quelles douces heures de loisir et quel entrain dans ces réunions ! Les uns chantaient, les autres accompagnaient sur la flûte et le violon. Un mois ne s’était pas écoulé que maintes dépouilles d’oiseaux pendaient tout autour de notre appartement ; plantes et fleurs étaient sous la presse ; moi, de mon côté, j’avais achevé plusieurs dessins, et nos grandes jarres se remplissaient de poissons, de quadrupèdes, de reptiles et même de mollusques. Nous avions aussi des oiseaux vivants, tels que mouettes, cormorans, guillemots, puffins, et enfin jusqu’à un corbeau. Dans quelques havres, l’eau était si transparente, que nous pouvions voir les poissons, et beaucoup d’espèces très curieuses, venir se prendre à l’hameçon.

Cependant les campements, la nuit, hors du vaisseau étaient véritablement pénibles. Les mouches et les moustiques ne nous y laissaient pas une minute de repos. Ils nous attaquaient par nuées, surtout quand nous étions couchés ; à moins qu’on n’eût pris soin de s’envelopper de tourbillons de fumée, ce qui n’était pas non plus fort agréable. Une fois, par un temps affreux, nos chasseurs se trouvaient à vingt milles de Wopatiguan ;