Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/45

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cieuses, qu’un sifflement d’ailes se fait entendre à travers les bois, et soudain, comme un trait, passe sur ma tête une bande de Canards sauvages. Une fois, deux fois, trois fois, ils passent et repassent en explorant la rivière ; enfin, n’ayant rien découvert qui puisse les alarmer, ils descendent, en envoyant un cri d’avertissement aux autres qui sont plus loin.

Mille et mille fois, j’ai pu voir de pareilles scènes ; et je regrette de ne point en avoir joui plus souvent, en songeant aux occasions si nombreuses qui ont sollicité mon intérêt. Du moins que j’essaye, ici encore, de vous faire connaître le résultat de mes observations.

Cette belle espèce de Canards parcourt la vaste étendue des États-Unis, et je l’ai rencontrée partout, de la Louisiane aux confins du Maine, et du voisinage de nos côtes de l’Atlantique jusque dans l’intérieur des terres, aussi loin que mes courses ont pu s’étendre. Durant la saison des œufs, on la voit aussi, quoique en petit nombre, à la Nouvelle-Écosse ; mais davantage au nord, je ne l’ai plus trouvée. Presque en tous lieux, sur cette immense surface de pays, elle reste à demeure ; quelquefois même elle hiverne dans le Massachusetts et par delà les sources chaudes des ruisseaux sur le Missouri ; néanmoins, elle ne fréquente pas les eaux fraîches, préférant en toute saison les endroits les plus retirés des étangs, des rivières ou des criques, comme il s’en rencontre si souvent dans nos bois. L’homme ne lui est que trop connu, et elle l’évite autant qu’elle peut, si ce n’est au printemps ; car, lorsqu’elle cherche un lieu convenable pour déposer ses