Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/46

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œufs et élever ses petits, elle vient quelquefois s’établir au voisinage d’une écluse de moulin.

Son vol, des plus rapides, est d’une élégance et d’une grâce vraiment rares. C’est ainsi que ce Canard peut passer au travers des bois et même parmi les branches, sans plus de gêne que le pigeon voyageur ; et lorsqu’abandonnant ses retraites solitaires, on le voit, à l’entrée de la nuit, gagner les lieux où la faim l’appelle, il effleure comme un météore la cime des forêts, et l’on entend à peine le bruit de ses ailes. Dans les basses parties de la Louisiane et du Kentucky, c’est par bandes de trente à quarante qu’ils arrivent de cette manière, et très régulièrement, chaque soir. Je m’accuse d’avoir plus d’une fois pris avantage de cette circonstance, pour les guetter au passage et les frapper à l’aile. Une seule heure d’affût, au crépuscule, m’en procurait un assez bon nombre ; et j’ai connu d’habiles chasseurs qui n’en tuaient pas moins de trente ou quarante en une seule soirée. Mais l’époque où ces parties deviennent surtout amusantes, c’est à la fin de l’automne, quand les vieux mâles ont rejoint les troupes des jeunes, conduites par les femelles. Que plusieurs chasseurs se placent à égales distances sur la ligne que doivent suivre ces pauvres oiseaux qui semblent courir la bague dans leur vol, et souvent ils abattront à la file plus de la moitié de la bande. Pendant qu’à cette heure ils fendent ainsi l’air, on ne les entend jamais pousser un seul cri.

Dans les États du centre, ils font leur nid au commencement d’avril, un mois plus tard au Massachusetts,