Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/87

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nir à les détacher. Le Chat marin porte aussi des barbillons d’une longueur proportionnée, et qui lui sont utiles apparemment pour le guider au fond de l’eau, pendant que ses yeux s’occupent à surveiller les objets qui passent au-dessus.

Veut-on se servir avec succès de la ligne dormante, il faut que les eaux soient d’une hauteur moyenne : trop basses, elles sont trop claires, et le poisson, quoique extrêmement vorace, y regarde à deux fois avant de risquer sa vie pour un crapaud. De même, pendant les crues subites, c’est hasard si votre ligne n’est entraînée par l’un des nombreux arbres que la rivière charrie ; un juste milieu, c’est donc ici ce qu’il y a de mieux.

Quand les eaux montent et deviennent troubles, on n’emploie qu’une seule ligne pour cette pêche ; on l’attache à la branche souple de quelque saule qui s’incline sur le courant. Elle doit avoir de vingt à trente pieds de long. Dans ce cas, mettez pour amorce les entrailles d’un dindon sauvage ou bien un morceau de venaison fraîche ; et quand vous y reviendrez voir au matin, pourvu que l’eau n’ait pas trop haussé, les mouvements de la branche vous indiqueront qu’un poisson tient à l’autre bout, et vous n’aurez plus qu’à l’amener sur le rivage.

Un soir que je voyais la rivière croître rapidement, bien qu’elle ne fût pas encore débordée, je m’aperçus que la perche blanche mouvait, c’est-à-dire montait de la mer. J’avais grande envie de goûter de ce poisson délicat, et, sans perdre de temps, j’amorçai ma ligne