Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/131

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ment la distance qui nous séparait encore de la caverne, et les forces de nos chevaux, qui se reposaient un instant, quand je m’entendis appeler par des paroles françaises. Je tournai vivement la tête et aperçus un étranger qui m’engageait à m’arrêter chez lui pour voir une compatriote. La rencontre était inattendue. Nous entrâmes, et les contes sur les Tatars et les Turcs que notre guide avait commencés furent interrompus par des conversations sur la France. Restait à savoir comment nous nous retrouvions « dans ce pays sauvage », ainsi qu’on nous disait. La chose s’expliqua vite. Je voyageais, moi, par curiosité. Quant à notre hôte, et à sa femme, qui était effectivement Française, ils habitaient Almás, parce que leur fils y commandait un détachement de dragons. Nous dûmes promettre de nous arrêter plus long-temps au retour, et nous quittâmes Almás pour continuer notre route.

Après trois quarts d’heure de montée par des chemins plus raides encore et plus élevés, il fallut se décider à mettre pied à terre. Nous laissâmes deux hommes à la garde des chevaux, et nous primes la route du mont Hargita avec l’Allemand et le guide. Celui-ci reprit le cours de ses histoires. La caverne que nous allions visiter avait souvent servi de refuge aux habitants des montagnes. « Quand les Tatars inondaient le pays, les Sicules s’y renfermaient, et n’en sortaient que pour se rendre, les jours de fête, à la chapelle dont vous voyez