Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/133

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un visage d’homme. Quand ils parcouraient les bois pour atteindre les fugitifs, ils emmenaient avec eux des chiens qui sentaient les Hongrois, et tous ensemble, chiens et hommes, aboyaient à faire trembler. Ils engraissaient les prisonniers pour les manger ensuite. Une femme de ce village, qui avait une maladie, restait toujours maigre. Les Tatars la renvoyèrent, et, en arrivant, elle apprit à tout le monde que le reste des paysans avait été dévoré. Les enfants hongrois étaient mis sur un rang, et derrière eux les Tatars plaçaient leurs petits, qui s’exerçaient à leur couper la tête. »

Tout en écoutant ces récits et d’autres encore qui prouvaient que les souvenirs ne sont pas prêts de s’éteindre dans le peuple de Transylvanie, nous étions arrivés en vue de la caverne. Nous nous trouvions sur le bord d’une vallée profonde, autour de laquelle s’élevaient perpendiculairement de hautes montagnes couvertes de forêts. Vis-à-vis de nous, à l’extrémité de la vallée, on voyait sur le flanc de la montagne une petite ouverture à demi bouchée par un mur crénelé. Nous regardâmes la pente fort raide que nous allions descendre, celle que nous aurions ensuite à gravir ; puis, chacun gardant ses pensées sur le succès de l’expédition, nous recommençâmes à avancer. Les arbres sous lesquels nous étions engagés cachaient la vue de la caverne. Mais nous marchions perpendiculairement pour ne pas manquer le but, de sorte que nous espérions gagner