Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bientôt le fond de la vallée. Le terrain était parfois si incliné, que nous courions malgré nous, et que nous avions à peine le temps de saisir au passage un arbre autour duquel, entraînés par le mouvement, nous étions presque contraints de tourner. Quand le sol était sablonneux, il s’éboulait sous nos pieds et nous entraînait avec une quantité de cailloux jusqu’à ce que nous rencontrions une plus grosse pierre qui nous arrêtait. « On descend aussi de cette manière, » nous cria le plus naturellement du monde notre guide sicule, dans un moment où il venait de franchir ainsi un espace de deux toises.

Chacun s’escrimait de son mieux. Lorsque nous nous trouvions trop éloignés les uns des autres, on se montrait un arbre ou un rocher près duquel on s’attendait. Malheureusement nous ne pouvions guère diriger notre course, en raison de sa rapidité même ; et quand le bruit du torrent qui coule au fond de la vallée se fit entendre, nous vîmes qu’il fallait refaire une partie du chemin. Après de nouveaux efforts, nous atteignîmes enfin le torrent au point que nous cherchions. Il fallut ici commencer un autre exercice. Nous devions marcher sur les pointes des pierres de toutes couleurs, vertes, roses, jaunes, noires, blanches, qui obstruaient le cours du torrent, si bien qu’il faisait à peine jour quand nous arrivâmes par cette route de nouvelle espèce aux rochers que les Tatars frappaient de leurs sa-