Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/135

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bres. Ce n’était pas tout ; restait encore un escalier fantastique, jeté hardiment entre le fond de la vallée et l’entrée de la caverne. Le Sicule l’ébranla fortement, secoua la tête et enjamba vivement les marches qui tenaient encore. Ensuite il nous cria de l’imiter, ce que nous fîmes aussitôt.

Nous regardâmes alors avec satisfaction le chemin que nous avions parcouru, et, oubliant un instant qu’il nous fallait encore passer par là, nous nous mîmes à énumérer les obstacles si glorieusement surmontés. Le Sicule, qui ne perdait pas son temps en contemplation, me fit observer que le petit mur crénelé près duquel nous étions assis avait l’air tout moderne. Je lui demandai pourquoi on l’avait construit dans notre époque, puisque les Tatars n’étaient pas venus depuis un siècle. Voulant peut-être me faire une galanterie, il répondit que, quand les Français attaquèrent l’Empire, sous Napoléon, et gagnèrent en Hongrie la bataille de Raab , une levée en masse fut ordonnée en Transylvanie, et que les habitants, pour mettre leurs familles à l’abri des ennemis dont on annonçait l’approche, avaient fortifié l’ancien asyle de leurs pères. J’étais curieux de savoir quelle sorte de tête les Français pouvaient avoir eue ; je fis cette question au guide, qui répondit en riant qu’il n’avait jamais demandé cela à personne, et que tout ce qu’il savait des Français, c’était qu’ils se battaient fort bien. Je me crus obligé de