Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/136

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répondre à ce brave montagnard compliment pour compliment, et je repartis qu’il était connu, même en France, que l’empereur d’Autriche n’avait pas de meilleures troupes que les régiments hongrois.

Lorsque nous nous eûmes suffisamment exprimé l’estime réciproque que nous ressentions l’un pour l’autre, nous songeâmes à visiter la caverne. On allume des torches, nous entrons. À peine avons-nous fait quelques pas, que nous sommes assaillis par une armée de chauves-souris qui voltigent autour de nos lumières, et dont les immondices forment sur le sol de véritables monticules. Nous traversons une suite de chambres formées de roches calcaires, aux plafonds desquelles brillent des cristaux. Des galeries sans issue se croisent, les chambres se succèdent et les chauves-souris voltigent toujours. De temps à autre une roche barre le chemin, et nous l’escaladons. Quand le guide nous précédait pour retrouver la route, sa torche, qu’il tenait en avant, et sur le feu de laquelle sa personne se dessinait en noir, éclairait de teintes sanglantes les murs de la caverne ; sa voix prenait un son surnaturel sous ces voûtes profondes, et on entendait long-temps le bruit de ses pas, qui se répétait avec force. Nous errâmes ainsi de galerie en galerie, guidés par des chiffres placés à certains intervalles sur les murs. Un moment le guide nous avertit que nous marchions au dessus du torrent de la vallée, le Vargyas Vize, qui passe sous la