Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/140

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haut et se frotte les mains, parce qu’il est accompagné d’hommes bien armés.

Les contes n’étaient pas finis. Nous pouvions en écouter long-temps encore. Et certes, c’était bien le moment, quand nous étions assis au milieu de la caverne, de savoir qui l’habitait. Mais il devait faire nuit au dehors, et nous avions de plus une longue route à parcourir. On se leva donc, et on se dirigea vers l’entrée de la caverne. La nuit était obscure. On entendait le torrent, mais sans le voir. Le guide parcourut lestement l’échelle aérienne, et se trouva sur le sol. Il nous engagea à lui jeter nos lumières, parce nous aurions besoin de nos deux mains pour nous tenir en descendant. Puis, se plaçant au bas de l’escalier, il leva haut la torche pour nous montrer le chemin. Sa figure déterminée avait encore plus d’expression dans ce moment, où, éclairé par la flamme, les cheveux flottants, il tâchait de nous distinguer dans l’ombre, et demandait avec feu s’il devait nous aider.

L’aubergiste allemand qui nous avait suivis était dans une perplexité terrible. Il pensait avec effroi qu’il lui serait impossible de retourner chez lui ; et, tirant des bottes de foin d’une cabane voisine, où les bergers des montagnes mettent leurs provisions, il s’improvisa un lit, s’y étendit, et s’écria en hongrois, d’un air désespéré : « Voilà mon camp. » Il n’avait, disait-il, ni l’impatience française ni l’impatience hongroise, et il ai-