Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/146

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leurs privilèges. Alors, pensant qu’il ne leur restait plus d’autres ressources, ils tiraient l’épée, quoiqu’en petit nombre, et offraient la bataille. Rarement ils l’emportèrent. Vaincus, ils attendaient les mauvais jours. Quand la Transylvanie allait succomber sous les coups des Turcs, des Tatars ou des Valaques, les princes rendaient leurs anciens droits aux Sicules. Ceux-ci descendaient de leurs montagnes, et l’ennemi était chassé. Cependant les révoltes avaient été étouffées dans le sang ; en marchant au combat ils passaient devant des tombes fraîchement remuées. Ces tristes monuments des guerres civiles se retrouvent encore dans le pays. Entre Barót et Köpetz on rencontre un champ semé de tombeaux : c’est un souvenir des exécutions ordonnées par Gaspard Bartsai pour châtier les Sicules qui avaient soutenu le parti de Kemény. Ailleurs on reconnaît les collines sous lesquelles furent enterrés ceux qui se battirent pour ne pas être incorporés dans les régiments-frontières, car cette institution ne fut établie que par la force du sabre. Si jamais une insurrection éclatait dans le royaume de Hongrie, c’est en Transylvanie, parmi les Sicules, que l’empereur d’Autriche trouverait le plus de résistance. Une population aussi brave, aussi aguerrie, aussi ulcérée, habitant un pays naturellement fortifié, tiendrait long-temps en échec les forces de l’empire.

C’est, dit-on, pour les contenir, que le prince Jean Sigismond éleva en 1563 deux forteresses qu’on a ap-