Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/152

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tre bourg, Zetelaka, obtint de semblables franchises sous la charge de livrer tous les ans cent mille bardeaux. Ces privilèges furent confirmés par Georges Rákótzi en 1631, puis par l’empereur Léopold. Oláhfalu envoie de plus des députés à la diète. Ce village a donc lui seul autant de votes que le siège entier d’Udvarhely. Ces anomalies, consacrées par la constitution, ne sont pas rares. Csik Szereda, qui compte huit cents âmes, a le même nombre de votes que le comitat de Hunyad, qui en compte cent vingt mille. En Hongrie, cinquante villes libres n’ont à la diète qu’un seul vote.

Les représentants de ces braves montagnards arrivent à l’assemblée dans leur costume habituel. II n’y a pas long-temps qu’un gouverneur de Transylvanie fit confectionner des habits d’une certaine élégance à la taille des députés d’Oláhfalu. Quand venait leur tour d’invitation, ceux-ci se rendaient à l'hôtel du gouverneur, et trouvaient dans l’antichambre des laquais qui leur passaient l’habit convenable. Le dîner leur paraissait toujours détestable, parce qu’ils ne reconnaissaient pas ce qu’ils mangeaient. Ils jetaient les yeux çà et là pour voir toutes les choses nouvelles qui s’étalaient devant eux, mais avec beaucoup de discrétion et d’un air parfaitement indifférent, car c’eût été au dessous de leur dignité de faire paraître l’étonnement dont ils étaient saisis. Ils conservaient toujours le plus grand sérieux,