Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/157

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ou ces roches, comme on voudra les appeler, tantôt rondes, tantôt escarpées et taillées à pic, ont dans certains endroits une blancheur éclatante : ailleurs elles sont jaspées, ou affectent la couleur de la malachite. La plupart du temps elles sont couvertes d’herbe et ombragées d’arbres, ce qui fait qu’on les prendrait de loin pour des rochers ordinaires, d’autant plus que des cavernes profondes s’ouvrent çà et là, semblables à ces grottes que l’on taille à vif dans le roc. Entre ces collines se sont formés des étangs où l’on se baigne : il suffit d’y plonger un instant pour que le corps soit recouvert de sel. Au siècle dernier, un des étangs que l’on avait contenus par des digues les rompit tout à coup, et se précipita dans le Küküllö. Je remarquai un torrent qui dépose le sel sur les cailloux : chaque pierre disparaissait sous un givre brillant que faisaient resplendir les rayons d’un soleil d’été.

Les rochers de sel, à Szováta, ont été abîmés sous le gouvernement des princes ; et pourtant ils sont encore admirables. Dans ce temps, chaque individu allait faire tranquillement sa provision de sel, en cassant çà et là et en emportant ce qu’il voulait. Quand les Turcs exigeaient impérieusement le tribut arriéré, on se hâtait d’extraire de tous côtés des masses de sel, dont le prit servait à payer le sultan. Aujourd’hui on n’en retire rien. On se contente de les faire garder par des sentinelles, afin que les habitants ne se dispensent pas d’a-