Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/160

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attend l’ours. Au moment où l’animal reparaît, il se met en face de lui, sur son chemin, et fait feu. S’il manque, comme il n’a qu’une seule charge, il se tire d’affaire à l’aide de sa hache, et livre un combat corps à corps. Ces montagnards sont aussi adroits qu’intrépides, et il est rare qu’ils succombent dans la lutte[1], lors même qu’ils ont fait une expérience dangereuse, leur ardeur de chasseur ne se ralentit pas, et, en dépit du proverbe, ils sont gens à vous vendre à l’avance la peau de tel ours que vous désignerez. A Parajd, une peau d’ours coûte 6 ou 8 francs.

Quelques montagnards se livrent à un travail beaucoup plus pacifique, mais aussi plus ingrat : ils cherchent des trésors. Je ne pense pas qu’il y ait un pays au monde qui soit plus doué, par l’imagination de ses habitants, de richesses enfouies et cachées, que la Transylvanie. Cela vient sans aucun doute de la quantité de masses d’or qui ont été découvertes à toutes les époques dans les mines, et des divers trésors qui ont été effectivement retirés du sol. Dans le siège même d’Udvarhely, près de Korond, on a trouvé, il y a peu d’années, une quantité de pièces d’or bysantines : elles provenaient

  1. Ils ont ordinairement pour arme un petit fusil à pierre très lourd. Quelquefois le fusil est à deux coups ; mais, au lieu d’être placés côte à côte, les canons sont superposés l’un sur l’autre.