Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/165

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et la férocité des Huns. L’épouvante ressentie par les Occidentaux en face de ces terribles ennemis qui venaient les subjuguer explique suffisamment les descriptions exagérées des historiens. La vie même d’Attila prouve que cet homme de génie n’avait pas la cruauté qu’on s’est plu à lui reprocher. Les Huns ont combattu l’Europe entière, qui s’est trouvée d’accord pour les maudire. De là la confiance unanimement accordée aux récits fabuleux des chroniqueurs. L’imagination agit puissamment sur les peuples demi-barbares. Dans les Huns, et plus tard dans les Hongrois, les Occidentaux crurent reconnaître ces exterminateurs dont parle l’Écriture. Les paysans russes ne doutaient pas que les soldats de la grande armée ne fussent venus directement de l’enfer. Faut-il prendre au sérieux les suppositions étranges qui accompagnent de semblables croyances ? Donc nous n’irons rien demander aux historiens du cinquième siècle. Puisque nous nous trouvons actuellement chez les Huns, fermons les vieux livres qui nous tracent leur portrait, et regardons les hommes. Au lieu d’étudier dans tel annaliste passionné les mœurs des guerriers d’Attila, recherchons quelles institutions se développent parmi eux lorsqu’ils demandent un refuge aux montagnes de la Dacie ; institutions qui subsistent aujourd’hui encore, et que personne, à ce que nous sachions, n’a fait connaître.