Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/171

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de l’armée victorieuse est et reste noble, c’est-à-dire libre. Voilà, dans l’origine, ce qu’est la noblesse hongroise.

Elle se modifie en Hongrie, où les rois, en obtenant le pouvoir de créer des nobles, constituent un ordre aristocratique, comme dans le reste de l’Europe, mais elle conserve son caractère primitif chez les Sicules. Là existe une noblesse qui ne se confère pas, qui se transmet par le sang. Le noble, c’est simplement le Sicule qui s’est rendu maître du sol qu’il cultive, et comme la population des sièges est exclusivement composée de Sicules, il s’ensuit que chaque habitant est noble. C’est une aristocratie démocratique, je dirais républicaine, si le mot ne paraissait choquant, car le noble sicule ne doit porter ni titre ni armoiries. Des distinctions naissent avec le temps parmi cette nation de gentilshommes. Quelques uns sont comblés d’honneurs en récompense de leur bravoure, d’autres deviennent de grands possesseurs ; mais aucun de ces puissants n’obtient de prérogatives particulières. L’ancienne égalité est maintenue, je veux dire l’égalité devant la loi, la seule qui puisse subsister. Même des mesures sont prises pour que les faibles ne soient point opprimés, et une loi décide que le seigneur ne peut acheter de terres dans un village sans le consentement du peuple.

Les distinctions dont je parle sont exprimées par certains termes qu’il est curieux de remarquer. Ceux