Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/175

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voure que Béla IV leur donne, au cœur de la Transylvanie, le territoire d’Aranyos ; et, tandis que les Saxons ne fournissaient en tout que mille fantassins, les Sicules donnaient un, deux, et même trois soldats, par dix habitants. En outre ils formaient une garde de quatre mille hommes, qui étaient attachés à la personne du prince.

Demandez-leur si ce n’était pas là le bon temps ! On ne se voyait pas, comme aujourd’hui, caserné dans un village, aux ordres d’un officier allemand. Chacun était un franc laboureur, libre autant que le roi. Seulement, quand la nouvelle se répandait que les Tatars étaient proches, quand le messager du prince portait de chaumière en chaumière le sabre ensanglanté, tous se réunissaient en armes : on choisissait les chefs et l’on marchait à l’ennemi. On savait alors quelle cause on défendait : c’étaient des bannières hongroises qui flottaient au dessus des combattants. Maintenant il faut traverser toute la Hongrie pour aller guerroyer, en Allemagne, contre telle puissance qu’il plaît à l’Autriche d’attaquer. Il est vrai que l’empereur ne manque pas, après chaque campagne, de vanter la bravoure de ses fidèles Sicules. Mais les rois nationaux faisaient mieux : ils leur concédaient des privilèges. Il est encore vrai que l’empereur croit récompenser leurs services en leur accordant une solde. Mais de quel prix est l’argent pour des hommes qui, « par amour fraternel pour les autres