Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/177

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trichiennes, les soldats ne s’attachaient nullement à la cause de l’empereur. Ils se battaient par devoir ; mais il ne s’établit pas entre eux et les Allemands cette fraternité d’armes qui naît entre gens réunis sous les mêmes étendards. Ils n’oubliaient pas que le prince qui mettait leur valeur à profit violait à son gré leur constitution, et ils se considéraient comme des étrangers dans le camp impérial. Cette répugnance des Sicules pour les Autrichiens a toujours subsisté. Lorsque j’arrivais dans leurs villages, ils ne doutaient pas, en entendant une langue étrangère, que je ne fusse Allemand, Német ; et les vieillards, qui se souviennent de l’empire, me faisaient bien meilleur visage dès qu’on leur disait ce que j’étais. Ils eussent peut-être fait un mauvais accueil à un sujet de l’empereur ; ils aimaient mieux recevoir un étranger, dont le père pouvait avoir été de leurs ennemis. Les braves qui se combattent apprennent à s’estimer, me disait un vieux paysan sicule. Dans ces montagnes sauvages, où pas un de mes compatriotes n’a pénétré, on m’a souvent parlé du « grand empereur des Français ». Un jour, dans le siège d’Aranyos, je m’arrêtai chez un riche cultivateur qui possédait un vin renommé. Pour exprimer son respect pour ce précieux fluide, il avait voulu donner à chacun des deux énormes tonneaux qui remplissent sa cave le nom d’un grand homme. L’un s’appelait l’Attila, l’autre le Napoléon.

Combien de fois, en Hongrie et en Transylvanie, ai--