Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/178

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je entendu parler de nos soldats ? Je ne puis me défendre de répéter ce qu’en disaient de vieux militaires, qui combattirent sans animosité, et savaient rendre justice à la bravoure et à l’humanité de leurs adversaires. Les Français sont des lions dans la bataille, et des moutons après la victoire : telles étaient les paroles d’un ancien hussard, qui me raconta qu’ayant été blessé, désarmé et pris par un cavalier français, celui-ci, blessé également, n’avait jamais consenti à se faire panser avant qu’il eût reçu lui-même tous les soins possibles. Ce brave homme avait retenu quelques mots de notre langue, dont il avait perdu la vraie prononciation, mais que je feignis de reconnaître et d’entendre avec le plus grand plaisir. Comment aurais-je pu agir autrement, quand la connaissance de ces quelques expressions lui donnait sur les gens du village la supériorité d’un magister ? Il fallait voir avec quel air d’admiration ceux-là l’écoutaient « parler français ».

Il est naturel que les rois de Hongrie aient voulu tirer parti de l’esprit militaire des Sicules, et qu’ils ne leur aient demandé que des soldats. De là les prérogatives accordées à la nation. Mais que vous semble de ce privilège en vertu duquel le Sicule peut porter devant le prince le procès pour héritage d’une valeur de plus de trois florins ? Cela ne prouve-t-il pas que les mêmes hommes qui se plaisent dans l’action du combat recherchent avec une égale ardeur les joutes du pré-