Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/179

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toire ? On a depuis long-temps remarqué que les peuples batailleurs aiment les disputes, les chicanes, les procès enfin. Cela n’a rien qui doive étonner : on manie la parole au lieu de l’épée ; la lutte change de nature, mais c’est toujours une lutte. Nous ne rappellerons pas que les Romains étaient les meilleurs avocats de l’antiquité. Mais, de nos jours, voyez les Normands… Qui ne répète qu’ils sont les gens les plus chicaniers du monde ? Si cela est, c’est qu’ils se sont fondus avec cette fière race normande qui a conquis l’Occident, de la Scandinavie à la Sicile.

Les Hongrois, qui sont aussi un peuple conquérant, ne manquent pas à la règle générale. Il y aurait de l’exagération à avancer qu’ils affectionnent les procès au point d’en entreprendre par goût ; mais il serait inexact de dire qu’ils les redoutent. En Hongrie, l’étude du droit n’est pas seulement réservée aux jeunes gens qui se destinent aux carrières judiciaires, cette science s’enseigne au collège, et fait partie de l’éducation commune. Il est entendu que chaque individu doit toujours être quelque peu avocat. Dès le 16e siècle, la Hongrie avait déjà le code qui est en vigueur aujourd’hui dans tout le royaume, tandis que les autres états de l’Europe ne connaissaient que des recueils indigestes de lois municipales et communales.

Si, dans un village hongrois, vous voyez deux ou trois riches habitants se parler avec un air d’intérêt, soyez