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PRINTANIÈRE.

vous ai vu avec admiration monté sur votre beau cheval qui danse ; j’ai regretté que vous vinssiez ici pour un autre que pour vous : nous ne laisserons pas, si vous avez autant de courage que moi, d’y trouver du remède ; au lieu de vous épouser au nom de votre maître ; je vous épouserai au vôtre. Je sais que vous n’êtes pas prince, vous me plaisez autant que si vous l’étiez ; nous nous sauverons ensemble dans quelque coin du monde. On en causera d’abord, et puis quelqu’autre fera comme moi, ou peut-être pis ; on me laissera en repos pour parler de celle-là, et j’aurai le plaisir de vivre avec vous. »

Fanfarinet crut rêver, car Printanière était une princesse si merveilleuse, qu’à moins d’un étrange caprice, il ne pouvait jamais espérer cet honneur ; il n’eut pas même la force de lui répondre. S’ils avaient été seuls, il se serait jeté à ses pieds ; mais il prit la liberté de lui serrer la main si fort, qu’il lui fit grand mal au petit doigt, sans qu’elle criât, tant elle en était affolée. Quand elle entra dans le palais, il retentit de mille sortes d’instrumens de musique, auxquels des voix presque célestes se joignirent si juste, que l’on n’osait respirer, crainte de faire trop de bruit.

Après que le roi eut baisé sa fille au front et aux deux joues, il lui dit : « Ma chère petite brebis (car il lui donnait toutes sortes de noms d’amitié), ne veux-tu pas bien épouser le fils du grand roi Merlin ? voici le seigneur Fanfarinet qui fera la cérémonie pour lui, et qui t’em-