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ET PERCINET.

magnifique, qu’il n’y avait pas un arbre dans la forêt où il n’y eût plusieurs lustres remplis de bougies ; et dans le fond d’une allée, elle aperçut un palais tout de cristal, qui brillait autant que le soleil. Elle commença à croire qu’il entrait du Percinet dans ce nouvel enchantement ; elle sentit une joie mêlée de crainte. « Je suis seule, disait-elles ce prince est jeune, ainable, amoureux, je lui dois la vie. Ah ! c’en est trop ; éloignons-nous de lui : il vaut mieux mourir que de l’aimer. » En disant ces mots, elle se leva malgré sa lassitude et sa faiblesse ; et, sans tourner les yeux vers le beau château elle marcha d’un autre côté, si troublée et si confuse, dans les différentes pensées qui l’agitaient, qu’elle ne savait pas ce qu’elle faisait.

Dans ce moment elle entendit du bruit der rière elle : la peur la saisit ; elle crut que c’était quelque bête féroce qui l’allait dévorer. Elle regarda en tremblant, et elle vit le prince Percinet aussi beau que l’on dépeint l’Amour. « Vous me fuyez, lui dit-il, ma princesse ; vous me craignez quand je vous adore. Est-il possible que vous soyez si peu instruite de mon respect, que de me croire capable d’en manquer pour vous ? Venez, venez sans alarme dans le palais de féerie, je n’y entrerai pas si vous me le défendez ; vous y trouverez la reine ma mère et mes sœurs qui vous aiment déjà tendrement, sur ce que je leur ai dit de vous. » Gracieuse, charmée de la manière soumise et en-