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LE MOUTON.


CONTE.


Dans l’heureux temps où les fées vivaient, régnait un roi qui avait trois filles : elles étaient belles et jeunes ; elles avaient du mérite ; mais la cadette était la plus aimable et la mieux aimée, on la nommait Merveilleuse. Le roi son père lui donnait plus de robes et de rubans en un mois, qu’aux autres en un an : et elle avait un si bon petit cœur, qu’elle partageait tout avec ses sœurs, de sorte que l’union était grande entr’elles.

Le roi avait de mauvais voisins, qui, las de le laisser en paix, lui firent une si forte guerre, qu’il craignit d’être battu s’il ne se défendait ; il assembla une grosse armée, et se mit en campagne. Les trois princesses restèrent avec leur gouverneur dans un château où elles apprenaient tous les jours de bonnes nouvelles du roi. Tantôt qu’il avait pris une ville, puis gagné une bataille ; enfin il fit tant qu’il vainquit ses ennemis, et les chassa de ses états : puis il revint bien vite dans son château, pour revoir sa petite Merveilleuse qu’il aimait tant. Les trois princesses s’étaient fait faire trois robes de satin, l’une verte, l’autre bleue, et la dernière blanche ; leurs pierreries revenaient aux robes ; la verte avait des émeraudes, la bleue des