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LE MOUTON.

turquoises, la blanche des diamans ; et ainsi parées, elles furent au-devant du roi, chantant ces vers qu’elles avaient composés sur ses victoires.

Après tant d’illustres conquêtes ;
Quel bonheur de revoir et son père et son roi !
Inventons des plaisirs, célébrons mille fêtes,
Que tout ici se soumette à sa loi,
Et tâchons de prouver quelle est notre tendresse
Par nos soins empressés et nos chants d’allégresse.

Lorsqu’il les vit si belles et si gaies, il les embrassa tendrement, et fit à Merveilleuse plus de caresses qu’aux autres.

On servit un magnifique repas : le roi et ses trois filles se mirent à table, et comme ils tiraient des conséquences de tout, il dit à l’aînée : « Ça, dites-moi, pourquoi avez-vous pris une robe verte ? — Monseigneur, dit-elle, ayant su vos exploits, j’ai cru que le vert signifierait ma joie et l’espoir de votre retour. — Cela est fort bien dit, s’écria le roi. Et vous, ma fille, continua-t-il, pourquoi avez-vous pris une robe bleue ? — Monseigneur, dit la princesse, pour marquer qu’il fallait sans cesse implorer les dieux en votre faveur, et qu’en vous voyant, je crois voir le ciel et les plus beaux astres. — Comment, dit le roi, vous parlez comme un oracle. Et vous, Merveilleuse, quelle raison avez-vous eue pour vous habiller de blanc ? Monseigneur, dit-elle, parce que cela me sied mieux que les autres couleurs. — Comment, dit le roi fort fâché, petite coquette, vous n’avez