Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
ET PERCINET.

dias, et tout ce que l’ancienne Grèce nous vante n’en auraient pu approcher. « Vous avez des ouvriers bien diligens, dit Gracieuse à Percinet ; à mesure que je fais une action et un geste, je le vois gravé. — C’est que je ne veux rien perdre de tout ce qui a quelque rapport à vous, ma princesse, répliqua-t-il : hélas ! en aucun endroit je ne suis ni heureux ni content. » Elle ne lui répondit et remercia la reine de la manière dont elle la recevait. On servit un grand repas, où Gracieuse mangea de bon appétit ; car elle était ravie d’avoir trouvé Percinet au lieu des ours et des lions qu’elle craignait dans la forêt. Quoiqu’elle fût bien lasse, il l’engaga de passer dans un salon tout brillant d’or et de peintures, où l’on représenta un opéra : c’était les Amours de Psyché et de Cupidon, mêlés de danses et de petites chansons. Un jeune berger vint chanter ces paroles :


L’on vous aime, Gracieuse, et le dieu d’amour même
Ne saurait pas aimer au point que l’on vous aime.
Imitez pour le moins les tigres et les ours
Qui se laissent dompter aux plus petits amours :
Des plus fiers animaux le naturel sauvage
S’adoucit aux plaisirs où l’amour les engage :
Tous parlent de l’amour et s’en laissent charmer ;
Vous seule êtes farouche et refusez d’aimer.


Elle rougit de s’être ainsi entendue nommer devant la reine et les princesses : elle dit à Percinet qu’elle avait quelque peine que tout le monde entrât dans leurs secrets. « Je me sou-