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ET PERCINET.

Dans cette détresse elle se prit à pleurer amèrement et à regretter le château de féerie ; mais elle n’osait appeler Percinet à son secours, trouvant qu’elle en avait trop mal usé pour lui, et ne pouvant se promettre qu’il l’aimât assez pour l’aider encore. Cependant la mauvaise Grognon avait envoyé querir une fée, qui n’était guère moins malicieuse qu’elle : « Je tiens ici, lui dit-elle, une petite coquine, dont j’ai sujet de me plaindre ; je veux la faire souffrir, et lui donner toujours des ouvrages difficiles, dont elle ne puisse venir à bout, afin de la pouvoir rouer de coups sans qu’elle ait lieu de s’en plaindre ; aidez-moi à lui trouver chaque jour de nouvelles peines. » La fée répliqua qu’elle y rêverait, et qu’elle reviendrait le lendemain. Elle n’y manqua pas ; elle apporta un écheveau de fil gros comme quatre personnes, si délié, que le fil se cassait à souffler dessus, et si mêlé, qu’il était en un tapon, sans commencement ni fin. Grognon ravie, envoya querir sa belle prisonnière, et lui dit : « Çà, ma bonne commère, apprêtez vos grosses pates pour dévider ce fil, et soyez assurée que si vous en rompez un seul brin vous êtes perdue, car je vous écorcherai moi-même : commencez quand il vous plaira ; mais je veux l’avoir dévidé avant que le soleil se couche. » Puis elle l’enferma sous trois clefs dans une chambre.

La princesse n’y fut pas plus tôt, que regardant ce gros écheveau, le tournant et retour-