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SERPENTIN

vrage d’une paresseuse, qui ne sait ni coudre ni filer. — Madame, dit la reine, je ne le savais pas en effet, mais il a bien fallu l’apprendre. » Quand Magotine vit une chose si étrange, elle prit le peloton de fil d’araignée, et lui dit : « Vraiment, vous êtes trop adroite, ce serait grand dommage de ne vous pas occuper ; tenez, reine, faites des filets avec ce fil, qui soient assez forts pour prendre des saumons. — Hé, de grâce, répliqua-t-elle considérez qu’à peine les mouches s’y peuvent prendre. Vous raisonnez beaucoup, ma belle amie, dit Magotine ; mais cela ne vous servira de rien. » Elle sortit de la grotte, fit remettre la grosse pierre devant, et l’assura que si dans deux heures les filets n’étaient pas achevés, elle était perdue.

« Ah ! fée Protectrice, dit alors la reine, s’il est vrai que mes malheurs puissent vous toucher, ne me refusez pas votre secours. » En même temps les filets se trouvent commencés et achevés. Laidronette demeura surprise au dernier point, elle remercia dans son cœur cette secourable fée, qui lui faisait tant de bien, et elle pensa avec plaisir que c’était sans doute son mari qui lui procurait cette amie. « Hélas ! Serpentin Vert, dit-elle, vous êtes bien généreux de m’aimer encore après les maux que je vous ai faits. » On ne lui répondit rien, car Magotine entra et fut bien étonnée de trouver les filets si industrieusement travaillés, qu’une main ordinaire n’était pas capable de faire un tel ouvrage. « Quoi ! lui dit-elle, auriez-vous