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LA CHATTE

vie de petits filets pour prendre des oisillons qui venaient becqueter les fruits de mon jardin. Ce que tu souhaites, ma fille ne te coûtera plus de larmes, je t’apporterai des cordelettes, tant que tu en voudras. Et en effet, j’en eus le soir même : mais elle m’avertit de songer moins à travailler qu’à me faire belle, parce que le roi Migonnnet devait arriver dans peu. Je frémis à ces fâcheuses nouvelles, et ne répliquai rien.

» Dès qu’elle fut partie, je commençai deux ou trois morceaux de filets ; mais ce à quoi je m’appliquai, ce fut à faire une échelle de corde qui était très-bien faite, sans en avoir jamais vue. Il est vrai que la fée ne m’en fournissait pas autant qu’il m’en fallait, et sans cesse elle me disait : Mais, ma fille, ton ouvrage est semblable à celui de Pénélope ; il n’avance point, et tu ne te lasses pas de me demander de quoi travailler. — Oh ! ma bonne maman, disais-je, vous en parlez bien à votre aise ; ne voyez-vous pas que je ne sais comment m’y prendre, et que je brûle tout ? Avez-vous peur que je vous ruine en ficelle ? Mon air de simplicité la réjouissait, bien qu’elle fût d’une humeur très désagréable et très-cruelle.

» J’envoyai Perroquet dire au roi de venir un soir sous les fenêtres de la tour, qu’il y trouverait l’échelle, et qu’il saurait le reste quand il serait arrivé. En effet, je l’attachai bien ferme, résolu de me sauver avec lui ; mais quand il la vit, sans attendre que je descendisse, il monta avec empressement, et se jeta dans ma cham-