Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/583

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la seconde Brunette, et la dernière Blondine. Elle leur avait donné ces noms par rapport à la couleur de leurs cheveux. Elles étaient vêtues en paysannes, avec des corsets et des jupes de différentes couleurs. La cadette était la plus belle et la plus douce. Leur mère commanda à l’une d’aller quérir de petits pigeons dans la volière : à l’autre de tuer des poulets : à l’autre de faire de la pâtisserie. Enfin en moins d’un moment, elles mirent devant la vieille un couvert très propre : du linge fort blanc, de la vaisselle de terre bien vernissée, et on la servit à plusieurs services. Le vin était bon, la glace n’y manquait pas, les verres rincés à tous moments par les plus belles mains du monde : tout cela donnait de l’appétit à la vieille petite bonne femme. Si elle mangea bien, elle but encore mieux. Elle se mit en pointe de vin. Elle disait mille choses où la princesse, qui ne faisait pas semblant d’y prendre garde, trouvait beaucoup d’esprit.

Le repas finit aussi gaiement qu’il s’était commencé, la vieille se leva, elle dit à la princesse : « Ma grande amie, si j’avais de l’argent je vous paierais, mais il y a longtemps que je suis ruinée, j’avais besoin de vous trouver pour faire si bonne chère ; tout ce que je puis vous promettre, c’est de vous envoyer de meilleures pratiques que la mienne. » La princesse se prit à sourire, et lui dit gracieusement : « Allez, ma bonne mère, ne vous inquiétez point, je suis toujours assez bien payée, quand je fais quelque